Coordination Iveco : une bonne situation mais un avenir incertain
Les 3 et 4 septembre, les métallos FO du groupe Iveco, qui comprend Heuliez bus et le fabricant de moteur FPT, se sont retrouvés en coordination à Annonay (Ardèche). Autour de leur coordinateur Olivier Pascot, en présence du secrétaire fédéral Olivier Lefebvre, ils ont fait le point sur la situation du groupe et de leur secteur industriel ainsi que sur les perspectives ouvertes par le récent rachat par l’indien Tata.
Le développement syndical étant au premier rang des priorités pour notre organisation, c’est par ce dossier que les métallos FO d’Iveco ont débuté leur coordination du mois de septembre, sur le site ardéchois d’Annonay. En matière d’adhésions, les résultats du travail de terrain sont là : le niveau se maintient sur l’essentiel des sites et connaît même une belle augmentation sur Annonay. Une partie de ces jeunes militants, qui ont pour la plupart rejoint notre organisation peu après leur arrivée dans le groupe Iveco, étaient d’ailleurs présents à la coordination.
Cette force qui grandit et se renouvelle est d’autant plus bienvenue que notre organisation aura besoin de tout son poids pour peser sur les orientations à venir. Sur le site ardéchois par exemple, l’activité connaît un essor remarquable, avec une production multipliée par deux en quelques semaines à peine. Une médaille qui a son revers, puisque cette vigueur ne va pas sans poser de problèmes de place et de logistique sur ce site enclavé dans sa ville, et qui ne peut pas « pousser les murs », avec des conséquences notables sur les conditions de travail. En pleine phase de lancement et de montée en cadence pour de nouvelles productions, sans oublier les effets d’une relocalisation à venir, le site compte ainsi plus d’intérimaires que de salariés à plein temps (1 400 pour 1 300 CDI). Des embauches sont d’ailleurs attendues, et notre organisation n’y est pas étrangère. Les métallos ont poursuivi le tour de table sur l’activité des différents sites, avec une tonalité plutôt encourageante. Seule FPT, qui produit des moteurs thermiques aux normes Euro 6, est toujours en attente de décisions sur son avenir après l’échéance fatidique de 2035.
Le rachat du groupe par le géant indien Tata a évidemment été au centre des discussions. L’activité Véhicule utilitaire et Véhicule industriel d’Iveco lui a été cédée alors que la situation économique était florissante, le marché du bus étant des plus dynamiques, et que les marques du groupe en sont actuellement les leaders. Les échanges sur le secteur industriel dans son ensemble sont venus éclairer l’opération, tout en laissant sans réponse une question majeure : Tata doit-il être vu comme un financier qui investit un créneau ou comme un industriel qui veut s’offrir une position incontournable ? « Nous ne manquerons pas d’aborder ce point, ainsi que celui de l’avenir de FPT ou des potentiels mises en concurrence interne, comme avec le site de Tchéquie, avec la nouvelle direction », a fait valoir Olivier Lefebvre. La coordination a également été l’occasion, après une visite du site, d’un échange avec la DRH. Les métallos FO ont pu réaffirmer la valeur de leur réformisme exigeant et leur volonté de faire vivre le dialogue social pour le bien de tous les salariés et des sites.
Après s’être félicité du dynamisme syndical des sites du groupe, Olivier Lefebvre a souligné l’importance, pour l’exercice d’un syndicalisme fondé sur la qualité et la compétence, de recourir à la formation fédérale, dont la souplesse permet de proposer des modules sur-mesure et sur place pour tous les adhérents. Il a poursuivi par un rappel des critères de la représentativité syndicale, dont la publication des comptes et la tenue des assemblées générales en respectant les statuts. « Les respecter est d’autant plus essentielle que cela conditionne l’existence de nos structures, et donc leur capacité à représenter les salariés et à agir en leur nom. » Il a aussi pu se réjouir de constater chez les métallos FO du groupe Iveco l’expression d’un sentiment devenu rare : celui de la fierté de son industrie et de ses produits, qui rappelle les grandes heures de l’automobile dans notre pays.
Il a conclu par un point sur le secteur du bus et ses spécificités, notamment celles d’une clientèle presque exclusivement constituée de collectivités locales et d’une production difficilement délocalisable. Attention néanmoins, a-t-il prévenu : la Chine s’attaque au marché, avec de timides incursions du constructeur BYD qui, après avoir commencé à faire son trou sur la voiture électrique en Europe, vise à présent les bus. Pour les salariés comme pour les métallos FO, pas de doute, la montée en cadence actuelle devra aussi constituer une réponse à cet assaut.



