FREDERIC HOMEZ : Artisan de l'indépendance syndicale

Rédigé le 23/08/2024


Après un BEP de compta-mécanographie, Frédéric Homez débute en 1982 chez Boyer, une PME de l’Aisne qui fabrique des appareils de manutention et rejoint dans le même temps FO, séduit par « l’indépendance et la pratique contractuelle ». Il défendra cette conception du syndicalisme dans son entreprise pendant 15 ans et y rendra FO incontournable, avant d’intégrer la Fédération à plein temps. Durant cette période, il est également secrétaire des Métaux de Saint-Quentin et des Métaux de l’Aisne, secrétaire adjoint à l’UL de Saint-Quentin, membre de la CA et du bureau de l’UD de l’Aisne, mais aussi administrateur CAF et Unedic, conseiller prud’hommes et défenseur du salarié !

Elu à la CA fédérale  en 1993, il arrive au bureau fédéral en tant que secrétaire non-permanent  lors du congrès de Toulouse, en 1996. Il devient permanent en 1998 et prend en charge le secteur électrique-électronique, le développement et la formation syndicale, l’organisation, la communication, l’Europe et l’international, sans oublier les USM avec comme nouveauté et changement une structure de coordination territoriale pour les métallos, avec comme axe prioritaire le développement, et à la relance desquelles il apporte un soin particulier. Le 7 novembre 2000, lors d’une journée qui leur est consacrée, il peut y annoncer 50 USM existantes, contre une douzaine deux ans plus tôt. 

Fréderic Homez succède à Michel Huc à la tête de la Fédération lors du XIXème congrès de La Villette, qui se tient en juin 2004 à la Cite des Sciences et de l’Industrie. Il nouera des liens étroits avec Jean-Claude Mailly, qui a, le 2 février 2004, pris la suite de Marc Blondel à la tête de la Confédération, au congrès de Villepinte. Lorsque la succession du leader de FO tournera à l’orage, au congrès de Lille en 2018, Frédéric Homez restera l’un de ses fidèles soutiens. Quelques mois plus tard, alors que le nouveau secrétaire général Pascal Pavageau est empêtré dans une affaire de fichiers qui risque d’abimer durablement la maison FO, il est le premier à lui demander de prendre ses responsabilités et de démissionner et œuvre avec succès à la désignation d’Yves Veyrier comme nouveau secrétaire général FO.

Parmi les nombreux dossiers qu’il gère pendant ses mandats, on peut citer entre autres celui des aérostructures suite au plan Power 8 chez Airbus en 2006, et qui devra attendre 2022 pour voir ces dernières faire leur retour au sein du périmètre de l’avionneur, ou encore les multiples attaques contre le syndicalisme, de la loi sur la représentativité en 2008 à loi El-Khomri en passant par les ordonnances Macron, et surtout le chantier titanesque de la convention collective nationale de la métallurgie, qui sera signé le 7 février 2022 après plus de six années de négociation autour d’un objectif colossal : remettre à plat l’ensemble du dispositif conventionnel du secteur, soit plusieurs milliers de pages rassemblant 76 convention territoriales, plus une pour la sidérurgie et une autre pour les ingénieurs et cadres. Grâce au travail acharné de l’équipe fédérale sous sa direction, le nouveau texte préservera l’essentiel pour les métallos, notamment la prime d’ancienneté à laquelle ils sont attachés, et le niveau de négociation territorial, tout en apportant également des nouveaux droits conventionnels.

C’est aussi sous son impulsion que FO Métaux se renforce en tant que force de proposition, avec la publication de livres blancs sur la défense de l’industrie lors de chaque élection présidentielle dès 2007, ainsi que d’un manifeste pour une industrie verte lors de l’édition 2022, sans oublier des livres blancs sectoriels. Il portera également des revendications qui finiront par se concrétiser sur la durée, comme celle d’une banque industrielle avec la BPI et des comités stratégiques de filières…. Son intervention sera déterminante pour la sauvegarde de l’industrie lors de la pandémie de Covid 19 en 2020. FO Métaux contribuera alors à la mise en place d’un système d’indemnisation du chômage partiel si efficace qu’il sera repris et généralisé au niveau interprofessionnel. Il participe également à plusieurs réunions à l’Elysée dans le cadre des plans de relance pour l’automobile et l’aéronautique, deux secteurs particulièrement éprouvés par la crise mais aussi par la transition environnementale et énergétique à venir. 

Il siège au Conseil Economique et Sociale et Environnementale (CESE) de 2015 à 2021 au nom de la Confédération FO et fera de même au comité (qui deviendra conseil) national de l’industrie de 2012 à 2022. La dimension internationale ne sera pas absente de son action à la tête de la Fédération, puisque la participation de notre organisation à la FEM et la FIOM se renforce. Frédéric Homez conduira d’ailleurs la délégation des métallos FO aux congrès fondateurs d’IndustriALL European Trade Union et d’IndustriALL Global Union, qui prendront la suite de ces deux organisations en 2012 pour rassembler les salariés de la métallurgie, de la chimie et du textile. Pendant ses 20 années à la tête de FO Métaux, il a renforcé les liens entre les métallos en créant un travail collectif avec toutes les structures de la Fédération, ce qui a abouti à une grande famille soudée, respectueuse et fière des valeurs portées par l’équipe fédérale et par toute la Fédération.  

Au congrès fédéral d’Amiens, en juin 2024, il fait valoir ses droits à la retraite, choisissant de ne pas solliciter le renouvellement de son mandat, et voit Valentin Rodriguez lui succéder. Il demeure membre de la commission exécutive confédérale.