MICHEL HUC : De l'usine aux sommets syndicaux

Rédigé le 21/08/2024


Après un certificat d’études primaires avec mention, Michel Huc est embauché comme apprenti ajusteur à la Société d’industrie et de mécanique Puech. Chargé de l’entretien des machines il peut, contrairement aux autres apprentis, circuler librement dans toute l’usine. Cette mobilité, combinée à ses fonctions de responsable local de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), lui permettra d’être l’un des animateurs d’une grève des jeunes salariés de l’usine. De son propre aveu, c’est alors, dans sa troisième et dernière année d’apprentissage, que Michel Huc situe sa « prise de conscience ».

Embauché au milieu des années 1960 aux usines Rhône-Poulenc de viscose à Saint-Juéry, près d’Albi, il choisit d’adhérer à FO, refusant les avances de la CGT, et commence à militer syndicalement, comme collecteur puis délégué du personnel. Il est ensuite embauché en 1967 aux Forges du Saut du Tarn. Recommandé par les responsables de la Fédération FO du Textile, il est alors sollicité par Antoine Laval, secrétaire général de la Fédération FO des Métaux, pour relancer le syndicat de l’usine, dont il devient le secrétaire. Il est licencié en mars 1968 pour avoir évoqué devant ses collègues un point abordé en comité d’entreprise : le dépôt de bilan des forges. Au chômage en Mai 68, il anime le mouvement social à Albi et devient président du comité de grève de la ville. Il part ensuite pour La Ciotat et y entre aux chantiers navals sur la suggestion d’Antoine Laval afin de relancer le syndicat FO. Il devient délégué du personnel, collecteur puis secrétaire général du syndicat. Sous son impulsion, FO parvient à devenir majoritaire et à prendre le comité d’entreprise. Devenu en parallèle responsable départemental de la Fédération des Métaux, Michel Huc participe à sa première négociation nationale en 1973, sous la houlette de Paul Malnoë. La même année, Bernard Mourgues, devenu secrétaire général de FO Métaux, le sollicite pour entrer à la commission administrative et au bureau fédéral lors du congrès de novembre 1975. Il devient alors responsable du secteur électrique-électronique et de l’organisation.

Michel Huc devient secrétaire général le 22 octobre 1982, à l’issue du XIIIème Congrès de la Fédération. Il a alors déjà pris la relève de son prédécesseur au sein de la commission exécutive confédérale, dont il sera membre de juin 1982 à janvier 1989, puis de 1992 à 2004. Durant toute la durée de son mandat, il marque son attachement à la politique conventionnelle et n’en dévie pas d’un pouce, des négociations sur la « flexibilité » de 1984 à la conclusion d’un accord de branche sur les « 35 heures » en 1998. Il s’oppose au rapprochement, impulsé par Marc Blondel, de sa confédération avec la CGT. Suite aux manifestations du 14 novembre 1990 contre la Contribution sociale généralisée (CSG), marquées par la convergence entre des cortèges de FO et de la CGT, il lui écrit : « Ces faits remettent en cause à la fois nos principes et l’unité de l’organisation […] Ils relèvent de la manipulation interne à l’organisation, par ceux qui veulent nous faire perdre ce qui est une de nos valeurs fondamentales : l’indépendance syndicale. Si cette folle aventure devait se poursuivre, nul doute que nous arriverions à une rupture ». Il obtiendra satisfaction avec la venue de Marc Blondel devant le Bureau fédéral des Métaux, où ce dernier assurera que « tant qu’il demeurera secrétaire général, “le problème de la réunification avec la CGT ne se posera pas” ».

Michel Huc occupe également de nombreuses responsabilités internationales, étant ainsi membre du bureau de la Fédération internationale des organisations de travailleurs de la Métallurgie et du bureau de la Fédération européenne des Métaux (FEM) de 1983 à 1993. Il est aussi vice-président de la FEM de juin 1982 à juillet 1995 et il siège au Conseil économique et social dans le groupe FO. Il est, enfin, l’artisan de plusieurs rapprochements avec des organisations syndicalistes de la métallurgie de l’Est, en particulier en Ukraine et en Russie. À l’occasion de ces fonctions internationales, il aura notamment mené une action vigoureuse contre le travail des enfants. Il prend sa retraite après le XIXème congrès fédéral, au cours duquel Frédéric Homez lui succède, et continue de participer aux grands événements organisés par la Fédération, tout en savourant un repos bien mérité dans les environs de Toulouse.