Entretien avec Bruno Reynes, en charge des cadres chez FO Métaux
Quelles évolutions avez-vous observées ces derniers mois dans les entreprises de la métallurgie concernant le télétravail ?
La tendance générale est à un resserrement des conditions de mise en œuvre du télétravail. Après le fort engouement qui a suivi la crise du Covid, beaucoup d’employeurs doutent désormais de la productivité des salariés lorsqu’ils travaillent de chez eux, même si cela n’est pas forcément démontré.
Quelles modifications souhaitez-vous apporter au dialogue social au sujet du télétravail ?
Le dernier accord national interprofessionnel sur le télétravail propose de bonnes solutions en faveur des salariés, mais il n’est pas contraignant pour les entreprises. Les directions peuvent donc décliner des accords dans ce domaine avec certaines clauses qui ne protègent pas réellement les salariés. Il serait nécessaire de trouver un accord au niveau de la branche de la métallurgie, mais ce n’est pas encore à l'ordre du jour.
« Une attention particulière doit être portée aux salariés en situation de handicap »
Le télétravail concerne de nombreux cadres de la métallurgie. Quelles actions spécifiques doivent être menées pour eux par FO ?
Les équipes FO doivent revendiquer des accords de télétravail dans toutes les entreprises de la métallurgie où cela est possible. Une attention particulière doit être portée aux salariés en situation de handicap, car le télétravail pourrait leur être refusé pour de mauvaises raisons.
Les problématiques de santé mentale sont de plus en plus abordées. En quoi le télétravail influence-t-il l’état psychique des cadres dans la métallurgie ?
Avec un télétravail mal encadré, le risque d'isolement et de repli sur soi est grand. La désocialisation est un facteur majeur de la dégradation de la santé mentale des salariés. Mais avec un encadrement favorable et un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle, le télétravail peut, au contraire, favoriser l’épanouissement des salariés. Les équipes syndicales ont donc un rôle essentiel à jouer pour trouver un équilibre intelligent entre travail chez soi et sur site à travers le dialogue social. Cela passe par un meilleur suivi des salariés, ainsi que la mise en œuvre d’outils permettant de mesurer un éventuel état de désocialisation. Et peut-être le plus important : assurer l'égalité de traitement pour les salariés en termes de rémunérations et d’évolution de carrière.