Entre les mois d'avril et d'août, les annonces de fermetures d'usines sur le territoire ont dépassé celles des ouvertures. Avec 47 d'un côté et 37 de l'autre, le pays a perdu 10 sites au total, selon le dernier pointage du cabinet Trendeo.
L’industrialisation demeure donc un sujet critique, qui semble perdre de son élan ces derniers mois. Le constat est simple : les fermetures d'usines en France dépassent les ouvertures, marquant un inquiétant recul alors que le pays avait commencé à freiner la désindustrialisation qui l’a frappé pendant des décennies.
La réindustrialisation n'est pas qu'une question de production ou d'économie, c'est un enjeu de souveraineté. La France doit reprendre le contrôle de ses capacités productives, éviter la dépendance vis-à-vis des puissances étrangères et se positionner sur les secteurs stratégiques de demain. Cette dynamique est essentielle pour regagner les emplois perdus et renforcer la cohésion sociale.
Chaque usine qui ferme, chaque industrie qui délocalise, c’est une partie du tissu économique local qui disparaît, avec des conséquences dramatiques sur l’emploi et la stabilité des territoires.
L'exemple des fermetures récentes et en cours met en lumière un problème structurel. Ce phénomène est aggravé par un contexte budgétaire tendu et ce qu’on peut qualifier, au mieux, d’hésitations politiques. Les arbitrages budgétaires en cours laissent craindre l’abandon d’investissements et d’aides vitales pour l’industrie confrontée à une concurrence mondiale et européenne.
Le soutien de l'État doit être renforcé, non seulement pour protéger les entreprises existantes, mais aussi pour accompagner celles qui veulent se relocaliser en France. Sans un soutien continu, les efforts de réindustrialisation risquent de s’essouffler.
Un autre défi majeur concerne le coût de l'énergie. Alors que la France possède l'un des parcs nucléaires les plus puissants au monde, la compétitivité énergétique de ses industries reste en deçà de celles de la Chine ou des États-Unis. Il est impératif que l’énergie bon marché produite par le nucléaire bénéficie aux industriels, en particulier dans les secteurs comme la sidérurgie qui sont fortement exposés à la concurrence internationale et très consommateurs en énergie.
La réindustrialisation, au-delà de l’économie, doit aussi s’inscrire dans une stratégie écologique. La décarbonation des sites industriels, notamment dans la sidérurgie, est cruciale pour concilier en France emploi, industrie et environnement. Pourtant, les incertitudes planent sur les crédits alloués à ces projets dans le cadre de France 2030. Il est évident que sacrifier ces investissements sur l’autel de la rigueur budgétaire serait un non-sens.
La réindustrialisation de la France ne peut se contenter d’une approche partielle. Elle doit être soutenue par des politiques ambitieuses en matière d’énergie, de fiscalité et d’innovation. C'est une question de survie économique, de souveraineté et d’emploi. En effet, selon l’étude réalisée pour l’Observatoire de la Métallurgie, les perspectives de recrutement à l’horizon 2035 varient entre 170 000 et 236 000 par an suivant les scenarios retenus et, en conséquence, les politiques industrielles européenne et française qui seront mises en œuvre. En outre, les aides publiques aux entreprises, si elles sont nécessaires et souhaitables, doivent engager les entreprises quant à leur politique sociale.
L’heure n’est plus à l’hésitation : l'État doit redoubler d'efforts pour éviter un nouveau déclin industriel, faute de quoi nous verrions s’éloigner définitivement une chance de relance pour notre pays.