Lettre ouverte au ministre de l'industrie

Rédigé le 29/09/2024


Monsieur le ministre, 

 

Nous souhaitons vous rencontrer au plus vite afin de vous faire connaître nos propositions pour relancer la réindustrialisation avant qu’il ne soit trop tard. La situation est grave : notre production automobile est menacée et d'autres secteurs industriels sont fragilisés. La réindustrialisation, dans son ensemble, est en danger si des mesures d'envergure ne sont pas rapidement mises en œuvre. Vous êtes ministre depuis peu, Monsieur Marc Ferracci, mais nous n'avons pas le luxe d'attendre. 

 

Sacrifier l’industrie serait une erreur historique

La réindustrialisation ne doit pas être une priorité des pouvoirs publics seulement dans les discours, elle doit l’être aussi dans les actes. Nous ne nions évidemment pas la réalité budgétaire, mais sacrifier l’industrie parce que d’autres priorités ont émergé serait une erreur dont nous risquons de ne pas nous remettre tant les conséquences à long terme seraient dramatiques.  

Les salariés des équipementiers paient déjà un lourd tribut 

La réindustrialisation ne peut pas être un slogan éphémère. Elle n’est rien de moins que la clé de l'autonomie stratégique de notre pays face à un monde qui devient chaque jour un peu plus instable. La France a un besoin vital d’une industrie forte car c’est le seul moyen de lui assurer un taux d’emploi stable, de répondre à ses besoins en temps de crise, de lutter contre la désertification de ses territoires et d’assurer la stabilité de son économie. Vous le savez, nous le savons, nul n’ose désormais le nier. Il est donc crucial de regarder la réalité en face : sans une politique claire et ambitieuse, des pans entiers de notre industrie vont disparaître. Dans l’automobile, les salariés des équipementiers paient déjà un lourd tribut avec le retour des délocalisations. Les fermetures de sites et les PSE se multiplient, comme chez Valeo avec l’abandon programmé des sites de l’Isle-d’Abeau, La Suze et La Verrière, ou chez Forvia, qui s’apprête à réduire d’un tiers ses effectifs en France. 

De nombreux défis

Nous devons affronter de nombreux défis : résoudre la pénurie de compétences et les besoins en formation, mettre en œuvre une capacité d'innovation audacieuse permettant de répondre aux enjeux climatiques mais aussi promouvoir un véritable dialogue social qui développera l’attractivité de nos industries. La transition énergétique est évidemment essentielle mais celle-ci ne pourra se faire au détriment de l’emploi. C'est le cas dans la sidérurgie, où la décarbonation doit impérativement tenir compte du maintien des sites et des postes de travail, sans quoi elle entraînera la disparition du secteur en France. Nos entreprises doivent être soutenues pour ne pas subir de plein fouet la concurrence de pays comme la Pologne, qui utilise encore des procédés à forte intensité carbonée avec des coûts de production réduits. Dans le cadre de l’électrification, les pouvoirs publics doivent également œuvrer pour que nos entreprises bénéficient d’une électricité à bas coût, même si cela implique de modifier les règles européennes. Sans un accompagnement social permanent, nous perdrons sur tous les tableaux. Ce serait une erreur historique aux conséquences désastreuses pour l'avenir économique et politique du pays.

Nous avons de nombreuses propositions

 

L'heure n'est plus à l'hésitation, mais à l'action. Vous pourrez compter sur la fédération FO de la métallurgie pour apporter sa pierre à l’édifice mais c’est une mobilisation générale de tous les acteurs économiques qui s’impose. Nous avons de nombreuses propositions que nous souhaitons vous faire connaître pour impulser à la réindustrialisation le souffle dont elle a besoin. Nous comptons sur vous, Monsieur le ministre, pour être à la hauteur de l’enjeu. 

 

 

Valentin RODRIGUEZ

Secrétaire général de la fédération FO de la metallurgie