Une délégation du principal syndicat turc, celui des métallos de Türk Metal, était en France début octobre et c’est tout naturellement qu’elle a été accueillie, le 8 du mois, par une amie de longue date : la Fédération FO de la métallurgie.
En attendant de passer les portes de l’Europe politique, la Turquie a déjà franchi celles de l’Europe syndicale. Dans son ambition de rejoindre IndustriALL European Trade Union, le syndicat Türk Metal a d’ailleurs pu compter sur le soutien de notre organisation, et le sujet a fait partie des nombreuses thématiques abordées le 8 octobre. Ce jour-là, le secrétaire fédéral Paul Ribeiro recevait au nom de notre Fédération une délégation de Türk Metal composée de son président Uysal Altundağ, de son responsable des affaires internationales Murat Salar et de l’assistant de ce dernier, Yücel Top. Les échanges ont porté sur le contexte auquel font face les organisations dans leurs pays respectifs et sur la scène mondiale, ainsi que sur les particularités du système de négociation de chacun. Avec une représentativité qui se mesure par le nombre d’adhérents, une absence de CSE et l’application des accords et mesures signés aux seules entreprises comprenant des salariés membres de l’organisation syndicale qui tenait le stylo, le modèle des métallos turques diffère du nôtre en de nombreux points ! « Mais nous nous retrouvons sur les limites de la négociation et sur une conception globale autour de l’action syndicale », sourit Paul Ribeiro.
C’est le secrétaire du syndicat des Métaux du Val-de-Seine (et membre de la CA fédérale) Brahim Ait-Athmane, qui l’a le plus clairement résumé plus tard dans la journée, alors que la délégation turque visitait le site Stellantis de Poissy, dont il est salarié : « la grève est pour nous un constat d’échec, car elle signifie que nous ne sommes pas parvenus, par la négociation, à atteindre un consensus raisonnable et raisonné. Quand le dialogue social ne porte pas ses fruits, nous ne passons pas au rapport de force par envie, mais parce qu’il ne reste plus d’autre choix. » C’est sur cette philosophie partagée que les deux organisations syndicales comptent bien continuer d’entretenir et de fortifier leurs liens. Car elles auront de nombreux terrains communs de réflexions, de revendications et d’actions dans un futur proche. « La Turquie est aussi à la lisière d’une autre Europe, analyse Paul Ribeiro : celle de l’industrie. En termes tant de quantité que de qualité, leur production ne cesse de progresser et de se faire une place sur les marchés du continent, et donc de notre pays. Mieux vaut se connaître et se comprendre que se combattre : les salariés, comme les consommateurs, ont tout à y gagner. » Et ce ne sont pas là paroles en l’air : les métallos FO ont d’ores et déjà été invités à traverser prochainement le Bosphore, direction Ankara !