L’APEC vient de publier ce 24 avril une enquête sur les cadres seniors. Riche d’enseignements, elle va à l’encontre de certaines idées reçues mais confirme également la justesse des positions de notre organisation sur l’emploi des plus de 55 ans.
Inquiets pour leur retraite, les cadres seniors ? A la lecture de la dernière étude de l’APEC (Association Pour l’Emploi des Cadres), l’assertion tient plus du lieu commun que de la réalité. Après la période de flou qui a accompagné la réforme des retraites de 2023, ils sont plus nombreux que lors de la précédente étude (2022) à affirmer être rassurés quant à la lisibilité de leur fin de carrière. Avec une idée plus précise de leur âge de départ et du montant de leur future pension, ils affichent une plus grande sérénité. Ce qui ne change pas, en revanche, ce sont des appréhensions persistantes quant à leur évolution professionnelle pour les dernières années de parcours. En cause : un sentiment de discrimination liée à l’âge, qui peut entraver leur capacité à changer d’entreprise ou à évoluer en interne. D’ailleurs, plus d’un cadre senior sur 3 (37%) indique avoir déjà été pénalisé dans son évolution professionnelle du fait de son âge. « Ces résultats viennent conforter nos analyses et revendications pour un traitement adapté des seniors dans les entreprises, réagit le secrétaire fédéral Bruno Reynès. Cela montre aussi que notre attention sur ce sujet ne doit pas se relâcher. »
Autre enseignement majeur de l’enquête : pour ce qui est du maintien dans l’emploi, les salariés concernés observent « un début de mouvement » mais déplorent que trop peu d’initiatives nouvelles soient mises sur pied. Le constat est particulièrement fort sur les politiques de recrutement des seniors ou les plans de formation interne à leur attention, trop peu répandus. « Santé des seniors, aménagements de poste, transmission des savoirs ou préparation à la retraite : si les quelques actions et mesures déployées vont dans le sens de nos revendications, ils le sont essentiellement dans les grandes entreprises, constate Bruno Reynès, et même là, la démarche reste timide. » Les seniors ne s’y trompent pas, puisque seuls 15 % des cadres de 55 ans et plus ont le sentiment que leur entreprise a fait évoluer sa politique RH vis-à-vis des seniors depuis la réforme des retraites. En début de mois, l’Institut national de recherche et de sécurité au travail (INRS) a pourtant révélé une autre dimension du sujet en montrant que, faute d’une gestion appropriée des fins de carrière, 7 à 8 % de la population active pourraient devenir inaptes au travail. Un quart des 50-64 ans souffrent déjà d’une santé dégradée, qui compromet leur maintien en emploi, notamment du fait de « la pénibilité de leur travail passé », insiste le rapport.
Faut-il voir un manque d’ambition politique sur cette thématique ? Force est de constater que les entreprises sont encore trop peu nombreuses à connaître l’Accord National Interprofessionnel en faveur de l’emploi des salariés expérimentés signé en novembre 2024 par les partenaires sociaux, dont FO, et qui devrait prochainement être transposé dans la loi. « Le cas des seniors demande à la fois une approche spécifique mais aussi équitable, conclut Bruno Reynès. Il reste encore du chemin à parcourir pour y parvenir, et notre organisation y veillera. »